Une secousse de quelques secondes puis des centaines de morts. Ceci est le bilan du séisme qui a frappé la région des Abruzzes dans la ville de l’Aquila durant le mois d’Avril 2009. Une tragédie, certes, dans un pays connu pour une activité sismique assez intense.
La seconde tragédie qui a succédé, cette fois-ci loin d’un scénario catastrophique inévitable, et qui a démontré le paradoxe majeur entre communautés politique et scientifique est cette condamnation survenue le 23 octobre 2012 mettant en cause 7 géologues de la commission des grands risques à 6 ans de prison et l’interdiction définitive d’exercer tout emploi public. Sur le plan civil, ils ont été condamnés à verser solidairement 9,1 millions d’euros de dommages-intérêts aux parties civiles et à rembourser les frais de justice. Une absurdité flagrante qui indigne non pas la communauté scientifique italienne à elle seule mais toute la communauté scientifique internationale.
Revenant aux faits ; le 31 mars 2009 la commission des grands risques se réunie pour étudier quelques secousses survenues depuis le 22 mars 2009 dans la région de l’Aquila, jugeant celles-ci comme une décharge continue du stress emmagasiné dans les roches du sous-sol. La commission a rassuré la population locale que les risques d’un éventuel séisme sont minimes. Six jours après, une secousse forte surgit à 3 h 32 min 42 s heure locale mettant la ville dans le chaos. Ceci constitue la preuve ultime du chef d’accusation dans l’affaire en question, les 7 géologues sont condamnés pour homicide par imprudence.
Les questions émanant de ce procès sont de taille ; les géologues n’ont pas prôné une certitude de 100 % en ce qui concerne l’intensité du séisme de l’Aquila, car ceci ne peut en aucun cas être prévu, en contrario, les scientifiques ont demandé aux populations de ne pas omettre de leurs esprits le fait de prendre des mesures de sécurité tant que les secousses surviennent. Peut-on donc condamner quelqu’un pour un fait imprévisible ? Dans ce cas, un procès contre la nature doit être entamé pour avoir engendré un séisme au mauvais moment et au mauvais endroit? Chose, ma foi, impensable, saugrenue, au même titre que cette condamnation.
Cherchons la vérité ailleurs que de prôner la justice en coupant la tête aux scientifiques. Si l’Aquila est une région à haut risque sismique, où sont donc les mesures de sécurité concernant les bâtiments ? La stratégie des forces de sauvetage n’est-elle pas aussi impliquée dans cette catastrophe ? Allons plus haut dans la hiérarchie politique, car c’est là où se cache le diable. Les premiers responsables d’un tel désastre ne seraient pas par hasard les politiciens ? Cela ouvre une autre porte de débat sur une vérité que le système politique tend à étouffer ; celle des conditions et du niveau prioritaire accordé à la recherche scientifique dans les plans budgétaires de l’état, et qui, dans des moments dit de crise, ne s’avèrent pas suffisants pour l’acquisition de résultats importants visant à améliorer l’étude du risque sismique. On note ici par conséquent, un point crucial qui prouve (en outre des arguments avancés précédemment) que le système politique est directement impliqué dans cette affaire mais qu’il a été plus facile de blâmer les scientifiques, choisis comme boucs émissaires à égorger sur l’autel de cette injustice, coupables de leur propre savoir, coupables de leur science.
Le scientifique a pour devoir de chercher le bien-être de ses concitoyens et mettre la science à leur service. Les géologues italiens ont fait leur devoir en s’alarmant à cause de ces secousses répétitives, mais en aucun cas ils ne pouvaient prédire les conséquences. Le séisme est une fatalité, un fantôme qu’on ne peut savoir où et quand va sévir. Au-delà de toutes ces considérations, le paradoxe entre chercheurs scientifiques et politiciens est bel et bien apparent ; tandis que le scientifique cherche la vérité, le politicien la cache. Qui allons-nous croire ? Les faits ou les méfaits, rien n’égale la bêtise des politiciens quand elle est en action. Que Dieu ait pitié de l’Italie…
Une affaire à suivre et à débattre…
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