Depuis longtemps, les
ressources minérales semblaient inépuisables et l’humanité ne s’est pas privée
de les exploiter. Récemment, plusieurs études scientifiques ont entamé la
question de la criticité des ressources minérales et ils ont même prévu des
dates de leur épuisement. L’exemple de la courbe d’Hubbert relative au
« Peak Oil » (K. Hubbert, 1956) s’est extrapolée par certaines études
pour en faire une référence afin de prédire le pic de ressources minérales.
Bien que toutes les études
géoscientifiques soient d’accord sur le fait que tous les gisements affleurant
ou sub-affleurant sont en phase de dépilation. Les principales questions qui se
posent encore sont :· Y a-t-il encore d’autres ressources minérales dans la planète ?
· Posons-nous les bonnes constatations et conclusions à partir des gisements que nous connaissons ?
· Les modèles métallogéniques sont-ils utile pour la découverte des gisements méconnus ?
Une bonne compréhension de la
genèse du gisement implique de bonnes observations du terrain
L’exploitation minière est une
occasion pour confirmer les interprétations géologiques de départ et aussi pour
affiner le modèle de genèse du gisement. La base de données géologiques
récoltée permet de prédire le comportement de gisement à une échelle locale et
dans certains cas extrapoler le modèle géométrique (entre autre) verticalement
et horizontalement.
Mais grosso modo cela reste une
vision locale de l’évolution de la minéralisation puisque c’est lié au contexte
géologique superficiel.
Le modèle métallogènique
manque de paramètre de prédiction !
La métallogénie comme le standard
la définit, c’est « la science qui
étudie les mécanismes de la formation des gisements et se propose de définir
des outils méthodologiques et des guides de prospection utilisable par les
explorateurs miniers ». Dans le contexte actuel de l’évolution,
l’exploitation et l’exploration minière exigent la mise à jour de cette
définition en tenant compte de la criticité des substances minérales.
Toutes les recherches et les
études géologiques tendent vers l’élaboration du modèle géologique du gisement
étudié en se basant sur les résultats d’analyses (géochimique, géophysique,
sédimentologique….) effectuées dans le gisement. Le modèle ainsi élaboré,
pourra expliquer partiellement le mode de genèse et permettra d’orienter les
travaux d’exploration par la définition des métallotectes qui sont visibles par
les méthodes conventionnelles d’exploration minière.
Les méthodes et les outils conventionnels
sont-ils efficients pour la découverte des gisements ?
Certes que non, l’ensemble des
méthodes conventionnelles ont montré leur limite, d’où les travaux de la
R&D qui tentent à faire évoluer les technologies d’exploration minière, en
continue.
L’évolution de la technologie reste
un axe à développer, mais n’est pas la seule. La notion du modèle
métallogénique permettant de prévoir les zones potentielles du dépôt de la
minéralisation avec une estimation grossière de la qualité, et la quantité est
un axe à ajouter et à prendre en considération en sortant des méthodes
conventionnelles.
Les futurs challenges des
prospecteurs géologues sont de trouver des gisements cachés avec un moindre
coût en plus d’imaginer la forme, la quantité et la qualité de la
minéralisation et cela ne pourra se faire que par la mise en place d’un modèle
métallogénique prédictif.
Cette nouvelle notion
d’élaboration d’un modèle de genèse des gisements qui doit être porté non
seulement par le géologue « Métallogéniste » mais elle doit être un
travail porté par une équipe multidisciplinaire composé principalement de
géologues, de statisticien (plus particulièrement des spécialiste en
stochastistique) pour la partie prédictive, de mathématiciens, de chimistes et
des biologistes.
L’incertitude est un paramètre influençant les modèles métallogéniques !
Le modèle métallogénique est
construit à la base des observations et/ou d’analyse locale en reliant ces
derniers à des phénomènes géologiques globaux afin de comprendre le mode de la
genèse des gîtes. Les observations ne sont guère parfaites et par conséquent
elles sont assujetties à des incertitudes, plus l’échelle d’étude est grande
plus l’intervalle de confiance du modèle est réduit.
Si le modèle métallogénique est incertain, comment prédire la forme de
la minéralisation ?
Une bonne prédiction implique une
bonne compréhension du comportement de la minéralisation que nous observons.
Cette bonne compréhension ne peut se faire qu’à l’aide d’une modélisation
géologique et mathématique solide.
Selon le géologue français Louis
de Launay (1860-1938), pour qui : « La métallogénie étudie les gisements minéraux des éléments chimiques,
leurs groupements et spécialement les concentrations anormales qui nous les
présentent sous une forme industriellement supérieure à la moyenne…. ».
Cette définition fait bien ressortir un problème impliquant des fonctions de
transfert non-linéaires dont les équations analytiques sont inextricables,
c’est l’un des grands domaines d’application de la simulation en géostatistique
non-linéaire.
Pour comprendre le comportement
des paramètres physiques, chimiques et morphologique d’un gisement, il ne
suffit pas de connaitre la concentration des teneurs dans une zone limité pour
prédire son comportement dans l’ensemble du domaine. La distribution spatiale
des valeurs ponctuelles à l’intérieur de la zone d’étude est tout aussi
importante que la valeur moyenne.
Cependant, la simulation reste à
ce stade, une approche appliquée sur les données observées (résultats des
outils conventionnels d’exploration) permettant de comprendre le comportement
des gisements reconnu dans une zone limitée !
A l’échelle mondiale, pour un
type de gisement rencontré dans plusieurs endroits, la question qui se
pose, pourrons-nous développer une simulation conditionnelle et/ou non conditionnelle
permettant d’utiliser : les modèles métallogéniques locaux réalisés dans
des gisements connus et la géodynamique interne et externe pour construire un
modèle prédictif ?
Le modèle métallogénique
prédictif est possible à réaliser dans la mesure où la communauté des géoscientifiques
se pose aussi cette question : à quoi pourra ressembler ce modèle
prédictif ?
"Tous les modèles sont faux, mais certains sont
utiles" ! (George Edward Pelham Box)
Réalisé par Youssef DAAFI Ing. Doctorant (UCA), EurGeol (EFG), CPG(AIPG) et QP (SME)